
Libéré après 15 ans de prison au Vietnam, c’est dans un état de santé précaire que le pasteur Y Ngun Knul a pu retrouver sa famille.
Le pasteur Y Ngun Knul vient d’être libéré après avoir passé quinze années dans une cellule de la prison numéro 6 de la province de Nghe An au Vietnam, pour avoir revendiqué le droit à la liberté religieuse. Mais c’est malade que l’homme a pu rentrer auprès de sa famille. Son avenir est désormais incertain.
Y Ngun Knul had served 16 years for protesting the closing by authorities of a Protestant church, and was beaten and abused in prison.
Geplaatst door Radio Free Asia op Vrijdag 6 maart 2020
Y Ngun Knul demandait aux autorités la possibilité de réouvrir une église protestante et de permettre aux chrétiens d’y vivre dans le respect de leurs traditions. Il a été arrêté le 29 avril 2004 au titre de l’article 87 du Code Pénal et a été condamné à une peine de 18 ans de prison.
Détenu à la prison de Nghe An, il a été maltraité par les gardiens et n’a pas reçu les traitements médicaux dont il avait besoin. Au cours des presque 16 années d’incarcération, sa famille n’a pu lui rendre visite qu’à quatre reprises. C’est donc dans un état très instable que le pasteur Y Ngun Knul est rentré chez lui.
« J’ai une insuffisance rénale et une pression artérielle élevée et j’ai eu une hémorragie gastro-intestinale. Je ne peux manger qu’un bol de riz par jour parce que j’ai des problèmes d’estomac qui me rendent la respiration difficile. Mon pied gonfle aussi, ce qui rend mes déplacements difficiles. Je voudrais aller à l’hôpital pour un traitement, mais je n’ai pas d’argent maintenant. »
Y Ngun Knul fait partie de l’ethnie des Montagnards. Selon Human Right Watch, ces populations sont « accusées de ‘voies perverses’ religieuses et de ‘pensées politiquement autonomes' » et « ont fait l’objet d’intimidations, d’arrestations arbitraires et de mauvais traitements en détention ». L’organisation ajoute que « ces violations des droits fondamentaux font partie d’un schéma plus large de persécution religieuse au Vietnam dans lequel les autorités surveillent, harcèlent et parfois répriment violemment les groupes religieux qui opèrent en dehors des institutions religieuses officielles enregistrées et contrôlées par le gouvernement ».
« Les médias vietnamiens officiels indiquent clairement que de telles actions gouvernementales font partie d’une politique de haut niveau visant à éliminer les religions de ‘mauvaise voie’ (ta dao), telles que le protestantisme De Ga et le catholicisme Ha Mon pratiqué par certains de l’ethnie des Montagnards, dont le gouvernement a jugé qu’il ne faisait pas partie des systèmes de croyance considérés comme ‘purs’. Leurs croyances et pratiques religieuses sont supprimées au motif qu’elles ne sont pas du tout des religions, mais simplement des ‘voies mauvaises’. »
Nguyen Van Hai est un blogueur américain. Il a lui-même été détenu aux côtés de Y Ngun Knul pendant quelques temps. Il affirme que de nombreux détenus des hauts plateaux du Vietnam ne survivent que peu de temps après leur sortie de prison.
Le pasteur est désormais pris en charge à Saigon. Mais de nombreux autres chrétiens se trouvent toujours dans les prisons vietnamiennes comme le rappelle Gina Goh, directrice régionale de la CPI pour l’Asie du Sud-Est.
« Malheureusement, Knul n’est qu’un des nombreux prisonniers d’opinion au Vietnam emprisonnés pour leur religion, leurs opinions politiques ou leur appartenance ethnique. Alors que nous célébrons la libération de Knul après de nombreuses années angoissantes, nous savons que des dizaines de chrétiens sont toujours incarcérés et devraient être libérés sans condition par les autorités vietnamiennes. »
M.C.